Régis RUPERT (Empovet) : « revalorisons le métier de médecin du vétérinaire »

Diplômé de l’École nationale vétérinaire de Nantes, Régis Rupert a pratiqué la rurale pendant 12 ans, avant de s’orienter vers l’entrepreneuriat digital. Il nous explique comment le projet Empovet est né et en quoi ce dernier va contribuer à faire du vétérinaire rural l’interlocuteur principal des éleveurs en matière de santé animale.

 

QUESTION

Vous avez exercé pendant 12 ans en tant que vétérinaire praticien associé. Comment vous est venue l’envie de contribuer à l’innovation digitale de la filière élevage ? 

{ Régis Rupert } C’est une longue histoire. En réalité, le lancement d’Empovet est une nouvelle étape dans une démarche initiée très tôt, en 2008, lorsque j’ai créé le premier cabinet vétérinaire bovin sans vente associée de médicament. Déjà à l’époque, je voyais mon métier sous un autre angle. Je voulais être le vétérinaire qui aide les éleveurs à garder les vaches en bonne santé, plutôt que d’être celui qui vend des médicaments pour guérir (ou soulager) les vaches malades. J’ai développé une méthodologie d’analyse holistique des pratiques d’élevage et des facteurs de risque associés, afin de proposer aux éleveurs des recommandations permettant une résolution durable des troubles de santé.

Mais c’est en 2012 que j’ai véritablement franchi le pas de l’innovation digitale, en créant un logiciel de gestion de troupeau collaboratif. J’ai pris à la fois conscience que les données agricoles ouvraient de nouvelles perspectives pour le diagnostic vétérinaire et qu’il n’y avait aucun outil métier à la disposition des praticiens pour en tirer profit. Avec la création d’Empovet en 2021, je souhaite donner les moyens aux vétérinaires ruraux et sanitaires d’augmenter la valeur de leur diagnostic, au sein des élevages bovins.

 


« Je voulais être le vétérinaire qui aide les éleveurs
à garder les vaches en bonne santé… »


 

QUESTION

Quel regard portez-vous sur la dépendance des vétérinaires ruraux aux médicaments ?

{ Régis Rupert } C’est une réalité qu’une majorité de vétérinaires ruraux vivent au quotidien. Plus de 70% du revenu d’un vétérinaire rural repose sur la vente de médicaments, soit davantage un métier de « pharmacien ». Or, outre le fait que cette partie de l’activité soit très concurrentielle, on ne peut plus tout miser sur le médicament. Les attentes sociétales nous poussent vers une diminution de l’usage des antibiotiques en élevage, une meilleure prise en compte de la santé et du bien-être animal, ainsi qu’une plus juste rémunération des éleveurs. Il est temps pour le vétérinaire rural d’avoir les moyens de revaloriser son métier de « médecin », autour du diagnostic et du conseil. Alors seulement, il pourra diminuer sa dépendance économique à la vente de médicament et passer d’un modèle curatif à un modèle préventif.

 

QUESTION

Vous parlez de « donner les moyens » aux vétérinaires ruraux de revaloriser le diagnostic, par quoi cela passe-t-il concrètement ?

{ Régis Rupert } Le monde vétérinaire rural actuel doit faire face à plusieurs réalités. Tout d’abord, les élevages fusionnent et s’agrandissent, les distances à parcourir pour aller de l’un à l’autre augmentent. Ensuite, les jeunes générations d’éleveurs sont de mieux en mieux formées, de plus en plus connectées et sont par conséquent de plus en plus autonomes dans leur prise de décisions. Enfin, les vétérinaires ruraux sont de plus en plus challengés sur la vente de médicaments. Mais il est possible d’inverser ce contexte plutôt défavorable au vétérinaire rural. La clé est l’accès aux données d’élevage. Si le vétérinaire pouvait accéder à toutes les données avant ses consultations, il pourrait préparer ses visites, anticiper les problématiques des éleveurs, prendre du recul sur l’état de santé d’un individu et l’analyser au regard de la situation de l’élevage, apporter des recommandations à l’éleveur… bref, offrir une surveillance sanitaire continue des élevages et devenir un véritable partenaire en matière de santé animale.

 


« La clé est l’accès aux données d’élevage. « 


 

QUESTION

D’où la création d’Empovet…

{ Régis Rupert } Oui. Nous avons travaillé sur le développement d’une appli digitale pratique et intuitive qui puisse accompagner le vétérinaire rural lors de ses consultations, depuis l’accès aux commémoratifs jusqu’à l’ordonnance. C’est important d’insister sur le fait que cette application vétérinaire est le fruit d’une réflexion collective issue du terrain. Pendant plusieurs mois, nous avons rencontré des confrères et des consœurs pour entendre leurs besoins, comprendre leurs attentes métier et concevoir avec eux un outil inexistant actuellement sur le marché. Il existe bien des logiciels de gestion de cabinet vétérinaire, mais aucun éditeur ne propose d’application qui simplifie les étapes de la consultation en rurale. C’est donc notre ambition. Avec Empovet, les vétérinaires ruraux pourront franchir une nouvelle étape dans leur volonté de recréer du lien avec les éleveurs, au profit de la santé animale.


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